Watzlawick, Paul


 

Biographie

Paul Watzlawick est originaire d’Autriche, né le 25 juillet 1921. Il a vécu la Seconde Guerre mondiale et  fut prisonnier politique en Allemagne, il se réfugie ensuite en Angleterre. Il a par la suite séjourné en Italie ou il fut intégré aux services de police de la ville de Triestre. Très polyglotte il a étudié à Vienne ou il obtient un doctorat en philosophie et langues modernes et plus tard en Suisse dans une formation psychanalytique d’origine jungienne à Zurich. Il travailla par la suite dans divers pays tels que l’Inde, le Salvador et les États-Unis, comme enseignant et praticien.

Il a été influencé par 3 principales personnes : l’anthropologue Gregory Bateson et sa théorie de la double contrainte, le psychiatre Don Jackson et Milton Érikson, psychiatre qui a développé des aptitudes et une sensibilité à percevoir par ses yeux, attentif à toute sorte d’aspects non verbaux de la communication. Selon Watzlawick lui-même, ces personnes sont 3 géants sur les épaules desquels il va se jucher.

Sur invitation de Jackson et Bateson il adhère au Mental Research Institute (MRI) à Palo Alto Californie en 1960, fasciné par ces nouvelles approches il délaisse son passé analytique. Il enseigna à l’université de Stanford à partir de 1976 et fut Docteur honoris causa des Universités de Liège et de Bordeaux. Il a  publié 22 ouvrages traduits en 80 langues ainsi que de nombreux articles et effectué plusieurs conférences à travers le monde. Il fut directeur de l’Emergency Treatment Center, un centre de crise dont la particularité consiste à intervenir à domicile.

Le 31 mars 2007, il décéda dans sa maison de Palo Alto en Californie à l’âge de 85 ans suite à une agréable soirée et un excellent souper en compagnie de son épouse, selon elle il décéda comme il le désirait, c’est-à-dire paisiblement et sans souffrance.

 

 

Ses publications

Possédant des études en philosophie et en psychanalyse Watzlawick mentionne que la lecture des écrits de Bateson a totalement changé sa manière de voir et d’appréhender le changement par la thérapie. Son passage à Palo Alto qu’il croyait bref mais qui dura plus de trente-cinq fut déterminant. Il déclare que ces années ont été très enrichissantes et qu’il y a côtoyé des personnes extraordinaires. Il y a découvert la pensée systémique introduite par Bateson et  contribua par la suite à la faire connaître de par le monde.

Ayant publié au total 22 ouvrages et plusieurs articles pour certains très populaires dans le domaine de la communication et des dynamiques familiales problématiques, nous pouvons affirmer qu’il a inspiré plusieurs psychiatres et psychothérapeutes depuis les années 70. Son livre Une logique de la communication est d’ailleurs considéré comme un classique de la communication dans le domaine de la santé mentale.

Adoptant dorénavant l’approche de la théorie des systèmes dans ses thérapies, il considère l’environnement et le contexte dans lequel évoluent ses patients. Il a beaucoup expérimenté ses théories en contexte d’intervention dans des familles dysfonctionnelles, souvent en raison d’une pathologie vécue par un des membres. Ces expériences ont beaucoup contribué à la rédaction de ses publications suivantes. Beaucoup de son œuvre portera à systématiser comment se fait les observations des systèmes, dans lequel le thérapeute fait parti intégrante selon lui, et c’est ce qu’il expose dans la suite de ces publications. En 1975 dans Changements, paradoxe et psychothérapie, il démontre comment le changement survient, une sorte de théorie du changement, basée sur 2 approches mathématiques ;  la théorie des ensembles et la théorie des groupes logiques.

Il y a définitivement une  rupture avec son passé psychanalytique. Il fonde en 1967 avec Richard. Fisch, John Weakland et Arthur Bonin une clinique de psychothérapie, le Brief Trerapy Centre (BTC).  Ces thérapies s’intéressent davantage à la façon dont apparaissent les troubles du patient plutôt qu’aux causes de ces troubles. Il conteste les écoles classiques de psychothérapie et leurs philosophies respectives et l’un des présupposés auxquels elles souscrivent toutes, à l’effet que la compréhension exacte du passé (origine et développement) d’un trouble constitue la condition préalable à toute solution dans le présent. Il dénonce ce mode de pensée linéaire.

Les interventions proposées au BTC sont très courtes, environ dix sessions, il élaborera d’ailleurs longuement sur ce sujet dans certaines conférences et publications. Le thérapeute propose des prescriptions paradoxales qui mettent l’individu ou la famille dans une situation surprenante et qui par leurs effets favorisent le changement sans en avoir l’air. Plusieurs critiques ont dénoncé l’aspect de manipulation à l’intérieur de ces thérapies. Lucide, Watzlawick affirmait lors d’un colloque sur la communication en 1998 à Paris : « On ne peut pas ne pas manipuler ».

Sa théorie favorise davantage la compréhension de ce qui se passe ici et maintenant pour obtenir un changement à l’intérieur des systèmes, pour lui c’est lorsque qu’il y a modification du cadre du système dans lequel le patient se trouve que survient le changement. Selon certains, ses travaux ont largement contribué à l'essor de l'approche systémique dans le monde.  Voici certaines de ses citations célèbres : « Quand le seul outil connu est un marteau, tout problème est considéré comme un clou. - Quand tu fais toujours ce que tu as toujours fait, tu obtiendras toujours ce que tu as toujours obtenu. Si tu veux autre chose, il faut que tu fasses autre chose! Et si ce que tu fais ne t'avance pas, fais toute autre chose au lieu de faire encore plus de ce qui ne convient pas ! - Les solutions que nous mettons en place pour résoudre nos problèmes, ont souvent  tendance à nourrir ceux-ci plutôt qu'à les régler ».

En 1976 il revient à une sorte de préoccupation théorique avec son ouvrage La réalité de la réalité et expose comment la réalité que l’on observe nous est propre et peut être fort différentes des autres. Une forme de théorie du relativisme de la réalité, qui en vient presque à nier l’existence de la réalité comme étant quelque chose d’observable objectivement, donc que la réalité est purement subjective.

Watzlawick fut qualifié aussi d’humoriste suite à certains de ses ouvrages tels que :, Comment réussir à échouer, Guide non conformiste pour l’usage de l’Amérique et Faites vous-même votre malheur. Voici une citation de ce dernier livre qui reflète bien sa pensée : « Vivre en conflit avec le monde et en particulier, avec les autres hommes, voilà qui est à la portée du premier venu, mais sécréter le malheur tout seul, dans l’intimité de son for intérieur, c’est une autre paire de manches. On peut toujours reprocher son manque d’amour à un partenaire, attribuer les pires intentions à un patron ou mettre sa propre mauvaise humeur sur le compte du temps qu’il fait – mais comment s’y prendre pour faire de soi-même son pire ennemi? ».

 

Sa contribution au constructivisme

La contribution de l'école de Palo Alto au constructivisme est essentielle. Ils sont les premiers à lier communication, réalité et psychose, ouvrant ainsi de nouvelles et enrichissantes perspectives.

Watzlawick part du postulat que la construction de la réalité se fait à partir de la communication, donc des interactions et du principe de rétroaction, appuyé d’un de ses axiomes célèbres On ne peut pas ne pas communique. « Nous construisons le monde, alors que nous pensons le percevoir. Ce que nous appelons "réalité" (individuelle, sociale, idéologique) est une interprétation, construite par et à travers la communication. Un patient est donc enfermé dans une construction systématisée, qui constitue son monde à lui. Dès lors, la thérapie va consister à tenter de changer cette construction ». Selon lui il est impossible de saisir la réalité indépendamment de notre représentation.

Il raconte une expérience vécue lorsqu’il séjournait à Bombay, à l’effet qu’il y a rencontré des hommes qui dans la culture de ce pays étaient considérés comme des sages, sinon des saints, alors qu'un psychiatre européen ou américain les aurait diagnostiqués comme souffrant d'une schizophrénie catatonique. Selon lui les problèmes dans la pragmatique de la communication naissent du fait que des constructions s'opposent et/ou s'excluent. 

Pour lui, croire qu’il y a une réalité réelle extérieure à nous dont des gens normaux et bien sûr des psychothérapeutes, sont particulièrement conscients en tout cas plus conscients, que les soi-disant malades mentaux, lui semble tout à fait indéfendable. Mais c’est pourtant une croyance  largement utilisée dans son champ d’intervention. Il se rattache lui-même au courant philosophique du constructivisme radical. La réalité est ce que l’on dit qu’elle est. Elle est ce que l’on construit. Watzlawick fait une distinction entre ce qu’il appelle réalité de premier ordre et réalité de second ordre. Il les décrit comme suit : la réalité de premier ordre c’est l’information que nos sens nous font parvenir et ceci est le résultat d’une construction neuronale extrêmement complexe. D’une manière invariable, nous attribuons un sens, des significations, des valeurs à ces aspects de la réalité du premier ordre et il appelle ces attributions que nous donnons à la réalité de premier ordre la réalité de second ordre. Une bonne thérapie peut consister à changer une construction douloureuse de la réalité en une construction moins douloureuse.

« Si nous acceptons une des idées de base du constructivisme, à savoir que nos réalités sont toujours des constructions et des explications que nous donnons du monde extérieur, alors nous pouvons commencer à comprendre qu'une bonne thérapie peut consister à changer une construction douloureuse de la réalité en une construction moins douloureuse. Ceci ne signifie en aucune manière que cette construction soit plus "réelle" que l'autre. Elle est seulement moins douloureuse ». Ce qui est fondamental pour lui c’est de faire admettre à ses patients que dans le monde relationnel de la communication la réalité est une représentation construite.  

Selon lui, s’il pouvait exister un individu qui au sens constructiviste du terme serait l’architecte de sa propre existence, il aurait trois qualités. D'abord, il serait libre. À tout moment il serait capable de remplacer une construction de la réalité par une autre. Ensuite ce serait un individu qui serait responsable au sens éthique du terme : celui qui sait qu’il construit sa réalité ne peut se référer à évoquer la responsabilité ou la culpabilité d’une tierce personne pour comprendre ce qui arrive. Cet individu serait profondément conciliant : il aurait un profond respect des autres individus et de leur façon de construire leur réalité.

Pour lui nous faisons nous même notre malheur, car nous reproduisons des solutions qui se sont avérées efficaces par le passé alors que le contexte de vie change constamment. Pour lui le travail du thérapeute consiste à utiliser la technique du recadrage avec le patient en l’amenant à modifier sa vision et sa compréhension du problème en facilitant l’expérimentation de solutions paradoxales.

Watzlawick est considéré comme un pionnier en appliquant le constructivisme à la théorie de communication, il a ainsi révolutionné comment la thérapie est conduite dans le monde entier.

 

 

Bibliographie

 

 

Monographie

 

 

WATZLAWICK Paul, J. Helmick Beavin & Don D. Jackson. (1972). Une logique de la communication. Paris : Éditions du Seuil.

WATZLAWICK Paul, J. Weakland & R. Fisch. (1975) Changements, paradoxes et psychothérapies. Paris: Éditions du Seuil.

WATZLAWICK Paul. La réalité de la réalité. (1978). Paris : Éditions du Seuil.

WATZLAWICK Paul. (1980). Le langage du changement. Paris : Éditions du Seuil.

WATZLAWICK Paul.(1981). Entretien avec Paul Watzlawick par Carol Wilder  dans  La Nouvelle Communication. Éditions du Seuil.

WATZLAWICK Paul & J. Weakland. (1981). Sur l’interaction, Palo Alto 1965-1974.Paris : Éditions du Seuil.

WATZLAWICK Paul. (1984). Faites vous-même votre malheur. Paris : Éditions du Seuil.

WATZLAWICK Paul. (1987). Guide non conformiste pour l’usage de l’Amérique. Paris : Éditions du Seuil.

WATZLAWICK Paul. (1988). L’invention de la réalité, contribution au constructivisme. Paris : Éditions du Seuil.

WATZLAWICK Paul. (1988). Comment réussir à échouer. Paris : Éditions du Seuil.

WATZLAWICK Paul & Giorgio Nardone. (1990). L’art du changement. Bordeaux : L’esprit du temps, psychologie.

WATZLAWICK Paul. (1988). À propos de Gregory Bateson : premier état d’un héritage. Parie : Éditions du Seuil.

WATZLAWICK Paul. (1991). Les cheveux du Baron Munchhausen. Paris : Éditions du Seuil.

WATZLAWICK Paul & Giorgio Nardone. (2000). Stratégie de la thérapie brève. Paris : Éditions du Seuil.

LEBOEUF Claude. (1999) Rencontre de Paul Watzlawick. Éditions de L’Harmattan

WATZLAWICK Paul.(1981). Entretien avec Paul Watzlawick par Carol Wilder  dans  La Nouvelle Communication. Éditions du Seuil.

 

 

Article

 

 

RESONANCE, magazine familial, entretien avec Paul Watzlawick, numéro 1 de janvier 1991.

INSTITUT DE GREGORY BATESON DE LIÈGE, biographie de Paul Watzlawick, avril 2005.

 

 

Documentaire audiovisuel

 

 

WATZLAWICK Paul. (1983). Présentation par Pierre Lalonde. Production du Centre Audio-Scripto-Visuel de la Cité de la Santé de Laval. 21 min.

WATZLAWICK Paul. (1983). Commentaires sur ses conférences et ses œuvres. Production du Centre Audio-Scripto-Visuel de la Cité de la Santé de Laval. 57 min.

 

 

Site internet

 

 

www.systemique.levillage.org = La construction de réalités interpersonnelles (Interview de P. Watzlawick).

www.universalis.fr/essai7jours.php?origine=/encyclopedie/T626535/ECOLE_DE_PALO_ALTO.html

http://www.institut-famille.com/ift/article.php?art=4   Entretiens avec Paul Watzlawick, juillet 1990