Barbier, René


 

René Barbier est né le 9 juillet 1939. Avec son désir particulier pour la poésie, la recherche et l’éducation, il a d’abord entrepris une formation universitaire pluridisciplinaire. C’est-à-dire, qu’il a obtenu un diplôme interdisciplinaire en étudiant à la fois le droit, l’économie politique, la sociologie et les sciences sociales du travail. Ensuite, il a été nommé assistant classique en sociologie économique à l’université de Paris XIII et puis chargé de cours à Paris VIII. Subitement, en considérant un manque de savoir par sa pluridisciplinarité, il a décidé de se réinscrire en tant qu’étudiant à Paris VIII pour refaire deux cycles complets d’étude en sociologie. Cette faculté expérimentale et avant-gardiste qu’il qualifiait comme étant « l’effervescence »[1] le passionnait énormément. Enfin, il étudia cette discipline jusqu’à l’obtention de sa maîtrise.

 

 

Par la suite, c’est en rencontrant Jean-Claude Passeron et les théories de Pierre Bourdieu, qu’il a décidé de s’orienter plus spécifiquement vers la sociologie de l’éducation. L’auteur, s’étant toujours intéressé à l’éducation, fera alors une thèse de doctorat portant sur le changement et l’innovation pédagogiques dans les instituts universitaires du secteur tertiaire. C’est d’ailleurs à cette étape, dans les années 1975-1980, qu’il expérimentera plusieurs voies de la recherche-action. Principalement, avec le « Groupe d’innovation »[2] et ses collègues Rémi Hess, Michel Lobrot et Georges Lapassade. (Barbier,1997) Parallèlement à ces recherches, il s’interrogeait sur la manière d’intégrer la dimension poétique à celle de la sociologie de l’éducation. Ainsi, par l’intermédiaire de l’OFAJ[3], Barbier réussi à développer une pratique psychosociale et à théoriser cette dimension mythopoétique de l’éducation. Bref, à travers recherche et thèse, il développa un modèle psychosociologique célèbre en éducation qu’il appela l’« approche transversale »[4].

 

 

Finalement, de l’assistant, au maître-assistant, au maître en conférence, au chargé de cours et chercheur, il est aujourd’hui professeur émérite à l’Université Paris VIII, éditeur du « Journal des Chercheurs » et conseiller scientifique. Cependant, René Barbier se définit comme étant un « éducateur avant tout »[5]. En effet, il accorde une importance gratifiante à l’éducation et la pédagogie réaliste. Il s’inspire notamment de différents auteurs pour créer son modèle d’apprentissage l’« approche transversale ».  On retrouve dans ce modèle, l’influence particulière de Rogers et Kishnamurti pour leur valeur centrée sur la personne et l’importance de la confiance dans la croissance de l’être. Aussi, on retrouve l’influence de Morin et Castoriadis pour leur concept du réel et de l’imaginaire. Bourdieu et Passeron pour leur critique à la structuration du monde social, ainsi qu’Ardoino et Lourau pour  leur concept de transversalité et d’analyse institutionnelle. Sans toutefois oublier les écrits poétiques et philosophiques de René Char, Emmanuel Mounier, Jean-Paul Sartre, Paul Éluard, etc. (Barbier, 1997)

 

 

 

 

Nous reconnaissons René Barbier comme un mystique important. Entre autres dans le domaine de l’imaginaire, du métissage culturel, de l’éducation orientale, de l’écoformation, de la recherche-action, de l’enseignement de Krishnamurti, de la formation de formateurs et de la création mythopoétique en éducation. (Barbier, 2009) Il a contribué effectivement au développement de la recherche-action, produit l’approche transversale et créé plusieurs projets pédagogiques notamment sur la formation par production de savoir. (Barbier, 1992) Parmis ses ouvrages les plus importants, nous reconnaissons d’abord celui de La recherche-action dans l’institution éducative, publiée en 1977. Il tente ainsi à travers une perspective critique et synthétique de fournir des outils d’analyses en sociologie et psychologie sociale clinique. Ensuite, il a publié en 1996 le livre : La Recherche Action, dans lequel il replace la recherche-action dans sa théorie englobante, celle de « l’approche transversale ». Un an plus tard, il publie L’Approche transversale : l’écoute sensible en sciences humaines. Dans ce livre, il prolonge et enrichit sa réflexion de l’oeuvre précédente et il propose une théorie complète sur l’écoute sensible en sciences humaines. En somme, il présente des ouvrages qui précisent de plus en plus sa théorie particulièrement utilisée en science de l’éducation.

 

 

Finalement, depuis les années soixante-dix, nous remarquons par l’éventail de ses articles, recueils et entrevues que la théorie de Barbier a grandement évolué. En effet, Germinal Sergais explique l’évolution de Barbier en spécifiant que celle-ci a passé de la recherche-action institutionnelle, à la recherche-action existentielle puis à la recherche-action transpersonnelle. (Segais, 2007) Nous remarquons ainsi que Barbier s’inspire beaucoup du contexte et fait évoluer ses recherches en suivant le flux des transformations politique et sociale. De cette manière, il permet de cristalliser et rendre mature sa théorie sur l’approche sensible.

 

 

 

 

Le constructivisme est une discipline développé en premier par Jean Piaget. Elle cherche essentiellement à démontrer l’attitude fondamentale des individus et leur désir à vouloir construire la réalité. En effet, le constructivisme étudie les mécanismes et les processus qui permettent la construction du savoir et par le fait même de la réalité humaine. Une approche de coconstruction, de codéveloppement et d’apprentissage coopératif qui accorde une grande importance à la démocratie et qui s’oppose au positivisme. Piaget a fait l’épistémologie une science et a inventé le constructivisme en étudiant particulièrement le développement de l’enfant. Ainsi, depuis la fin du XXe siècle, plusieurs auteurs sont tentés de répondre aux questions : Qu’est-ce que la réalité? Qu’est-ce que le savoir? Qu'est-ce que l’identité? Le savoir se construit dans l’interaction et nous construisons nous-mêmes notre savoir. Par la vision du monde et par le développement, nous apprenons et nous nous construisons une réalité.

 

 

Pour ce qui est de René Barbier, il a apporté une contribution importante au constructivisme entre autres par son approche existentielle de la recherche-action et par sa manière de déconstruire les processus d’ordre générateurs d’aliénation. (Barbier, 1996) En effet, il essaie de trouver un modèle pour une meilleure écoute des phénomènes existentiels de l’être. Cela dit, il utilise différents apports théoriques comme ceux de Krishnamurti,  Bourdieu, Passeron, Lourau, Ardoino, Morin et Castoriadis afin de mieux comprendre les phénomènes existentiels principalement existants dans l’éducation. (Barbier, 1997) Il utilise alors une attitude tolérante envers la diversité des domaines et des courants et fait un tout cohérent. Au même principe que le constructivisme qui lui est décrit comme « une annexion contingente de façon de travailler et d’écrire »[6] sur des questions telle que « Qu’est-ce que la réalité? ». Enfin, fondé sur les mêmes principes et en s’inspirant des auteurs constructivistes comme Bourdieu et Morin, Barbier apporte au constructivisme une nouvelle approche de l’homme en relation avec l’éducation.

 

 

CONCLUSION

 

 

En conclusion, René Barbier a contribué, à travers son évolution et ses principales publications, au  développement de la recherche-action et par le fait même au constructivisme. Cette discipline qui cherche à déconstruire ce que nous avons socialement construit faisait partie intégrante de l’ère de l’auteur. C’est alors, en s’inspirant de divers théoriciens du XXe siècle (nous parlons entre autres de Krishnamurti, Rogers, Morin, Castoriadis, Bourdieu, Passeron, etc.) qu’il a conceptualisé « l’approche transversale ». Ce modèle, qui fut très utile en éducation, a permis une meilleure compréhension aux rapports de l’apprenant avec le monde et l’institution. Donc, dans un esprit à la fois réflexif et conceptuel que philosophique et poétique, ce dernier a exercé ses compétences dans le domaine de la pédagogie et l’éducation universitaire. À partir de l’assistant, au maître-assistant, au chargé de cours, nous reconnaissons aujourd’hui René Barbier comme un professeur émérite à l’Université Paris VIII et un conseiller scientifique. L’ouvrage qui suivra présentera en détail l’approche transversale dans une perspective institutionnelle, existentielle et transpersonnelle à partir des concepts « barbésiens ».

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

 

 

 

BARBIER, René. (1977) « La recherche-action dans l'institution éducative » Paris, Gauthier-Villars, 1977, 228 pages.

 

 

BARBIER, René. (1996) « La recherche-action » Paris, Anthropos, coll.ethno-sociologie, 112 pages.

 

 

BARBIER, René. (1997) « L'Approche transversale, l'écoute sensible des sciences humaines » Paris, Anthropos, coll. exploration interculturelle et science sociale, 357 pages.

 

 

BARBIER R. et ROBIN C. (1993) « L’approche transversale et l’ouverture multiréférentielle de la formation par production de savoirs » p.45 in «La Formation par production de savoirs : quelles articulations théorie-pratique en formations supérieures? », Laboratoire des sciences de l'éducation et de la formation Tours, L'Harmattan. [En ligne] http://books.google.com/books?hl=fr&lr=&id=TMaf_d_y3Y4C&oi=fnd&pg=PA11&dq=L%27APPROCHE+TRANSVERSALE+ET+L%27OUVERTURE+MULTIREFERENTIELLE+DANS+LA+FORMATION+PAR+PRODUCTION+DE+SAVOIRS&ots=SJBaFEBP3v&sig=bvCAnV04euDa7XU3yy6XFfUfDT8#PPA45,M1, consultée le 7 février 2009.

 

 

BARBIER R. et MORIN A. (2004) « Recherche-action, recherche systémique » Université de Provence, Département des sciences de l'éducation, coll. Questions vives, 135 pages.

 

 

BARBIER, René. (2005) « Vers une éducation transversale » in « Bulletin interactif du Centre International de Recherches et Études Transdisciplinaires » n° 18 - Mars 2005 [en ligne] http://nicol.club.fr/ciret/bulletin/b18/b18c3.htm, consultée le 2 février 2009.

 

 

BERGER et LUCKMANN. (1996) « La construction sociale de la réalité » 2e Édition, Paris, Méridiens Klincksieck, 288 pages.

 

 

LYNCH, M. (2001). « Vers une généalogie constructiviste du constructivisme social ». Revue du MAUSS, 1(17), 224-246

 

 

 

 

 

 

BARBIER, René (2008) « Du praticien au chercheur en recherché-action pédagogique » in « Le Journal du Chercheur » [en ligne] http://www.barbier-rd.nom.fr/journal/article.php3?id_article=1032, consultée le 2 février 2009.

 

 

BARBIER, René (2008) « GOLEM » in « Le Journal du Chercheur » [en ligne] http://www.barbier-rd.nom.fr/journal/article.php3?id_article=472, consulté le 2 février 2009

 

 

 

 

BARBIER, René (2005) « Ici, on braise rien! » in « Journal du Chercheur » [en ligne] http://www.barbier-rd.nom.fr/journal/article.php3?id_article=518, consulté le 7 février 2009.

 

 

 

 

FILLIOT Philippe (2008) « Petit abécédaire de la pensée spiralaire de René Barbier sur l'éducation » in « Le Journal du Chercheur » [en ligne] http://www.barbier-rd.nom.fr/journal/article.php3?id_article=1082

 

 

SEGAIS Germinal (2007) « L’évolution de la recherche-action chez René Barbier » in « Le Journal des Chercheurs » [en ligne]

http://www.barbier-rd.nom.fr/journal/article.php3?id_article=783, consulté le 2 février 2009.

 

 

Entrevue de Jean-Louis Le Grand avec Barbier, 1995 [en ligne]  http://www.barbier-rd.nom.fr/temoignRBPF.htm, consultée le 2 février 2009.

 

 

Entretien avec Brigitte Ramont en 2001 sur « Carl Rogers et René Barbier : Perspectives critiques sur l'éducation » Université Paris 8, CRISE-LEC, in « Le site personnel de René Barbier » [En ligne] http://www.barbier-rd.nom.fr/CarlRogersReneBarbier.PDF, consulté le 7 février 2009.

 

 

 

 

 

 

BARBIER René (2009) « Le site personnel de René Barbier » [en ligne] www.barbier-rd.nom.fr/, consulté le 2 février 2009

 

 

WIKIPÉDIA (2008) « René Barbier (chercheur) » in « Wikipédia, L’encyclopédie libre » [en ligne] http:/fr.wikipédia.org/wiki/René_Barbier_(chercheur), consultée le 2 février 2009

 

 


 


 

[1] Témoignage de René Barbier dans l'ouvrage «Les orientations des sciences de l'éducation» à l'université de Paris 8-Vincennes à Saint-Denis, Recueilli par Jean-Louis Le Grand

[2] « Le Groupe d’innovation était un groupe de recherche-action franco-allemand portant sur les

nouvelles méthodes d’animation de groupe dont j’ai fait activement partie dans les années soixante-dix.

Dirigé par Max Pagès et Bürkhardt Müller, il a duré plus de quatre ans.» In BARBIER. René, 1997 « L’approche transversale : L’écoute sensible en sciences humaines » p.6

[3] Office Franco-Allemand pour la Jeunesse, il a été fondé en 1969 afin d’approfondir les liens qui unissent les enfants, les jeunes, les jeunes adultes et les responsables de jeunesse français et allemand.

[4] BARBIER. René, 1997 « L’approche transversale : L’écoute sensible en sciences humaines » p.6, p.7

[5] Carl Rogers et René Barbier : Perspectives critiques sur l'éducation (entretien avec Brigitte

Ramont) Université Paris 8, CRISE-LEC, novembre 2001

[6] LYNCH, M. (2001). « Vers une généalogie constructiviste du constructivisme social ». Revue du MAUSS, 1(17), 224-246