Biographie de Thierry Pauchant

Thierry Pauchant voit le jour le 31 décembre 1954 dans la commune de Roubaix, en France. À l’âge de 19 ans, il sert l’armée française pendant un an à titre de sergent. À la fin des années 70, tout en ayant quelques emplois dans des agences de voyage, il fait un baccalauréat en psychologie sociale et marketing à l’université de Grenoble et une maîtrise en aménagement du territoire à l’université Panthéon-Sorbonne à Paris.

Dans les années 80, il s’envole pour les Etats-Unis où il travaille dans le domaine de l’enseignement en tant que chargé de cours à l’université de San Francisco. Durant cette période, Il travaille dans le domaine du marketing et de la gestion et poursuit des études à Los Angeles, où il obtient une maîtrise en administration des affaires ainsi qu’un doctorat en management stratégique et changement systémique. À la fin des années 80, il déménage au Canada et devient professeur à l’Université Laval pendant quelques années.

Dans les années 90, il devient citoyen Canadien à part entière et enseigne au HEC pendant 2 ans. Il participe à des comités d’édition de plusieurs magazines savants : Management International, au Canada, Industrial and Environmental Crisis Quaterly, aux Etats-Unis et Psychologie du Travail et des Organisations, en Suisse. Parallèlement, il devient coordinateur de programme au HEC et y travaille pendant 7 ans. En 1996, il est très impliqué dans l’évaluation du déluge du Saguenay; notamment, il est mandaté par le Ministère Québécois et de la Sécurité Publique à faire partie d’un comité d’évaluation des mesures administratives prises durant ce sinistre. Cette évalution mène, un an plus tard, à un premier sommet québécois sur l’évaluation et la gestion des sinistres, où il fait partie du comité d’organisation. Cette opération est un succès : le gouvernement fait appel à lui, quelques années plus tard, lors de la tempête de verglas qui sévit au Québec pour évaluer les mesures administratives prises ainsi que l’impact que cet événement a eu.

Dans la deuxième portion des années 90, il cofonde le Conseil pour la Gestion et la Prévention des Sinistres et des crises ainsi qu’une firme de consultants (Morin Pauchant Consultants Inc). Au HEC, il devient professeur titulaire de Management. C’est dans cette école que se fait le premier forum international sur le management, l’éthique et la spiritualité (connu mondialement sous le sigle de FIMES) où il agit à titre de membre du comité scientifique d’organisation. La même année, c’est à cet endroit qu’il fonde le Comité d’Éthique et de la Recherche où il fera office de président pendant quatre ans.

Au début des années 2000, il devient directeur de collection aux Éditions fides sur « Le travail Intégral ». Il fait partie du deuxième forum international sur l’éthique, le management et la spiritualité au HEC ainsi qu’à la troisième édition de ce forum, qui se fait aux Etats-Unis, à Minneapolis. Il participe au comité d’édition de deux revues savantes des Etats-Unis : Journal of Management, Spirituality and Religion et Transformative Education. Il fonde la première chaire en management éthique des organisations au HEC et en devient le titulaire. Aussi, il cofonde et dirige un groupe de recherche sur l’éthique et les responsabilités sociales en organisation.

Au niveau personnel, Thierry Pauchant est marié à une Québécoise d’origine et a trois enfants.

Publications

            Les ouvrages de Thierry Pauchant abordent l’importance de l’existentialisme au sein des organisations. Selon lui, « La perspective existentielle […] est aussi utile afin de comprendre d’une façon différente les comportements collectifs au sein des organisations»[1]. Autant dans les aspects organisationnels que dans les situations de crises, Pauchant affirme qu’il faut voir les situations d’un angle différent afin de discerner autant les éléments positifs que les négatifs.

La Quête du Sens est l’un de ses ouvrages les plus reconnus. Écrit avec plusieurs collaborateurs et traduit en anglais, ce livre soutient que « l’individu, la discussion et l’emploi de la tradition existentielle dans la vie organisationnelle aideront de façon réelle les femmes et les hommes qui désirent retrouver du sens dans leur travail »[2]. 

En collaboration avec Ian I. Mitroff, son livre Transforming the Crisis-Prone Organization: Preventing Individual, Organizational and Environmental Tragedies met en relief le fait que notre société est régie par un certain nombre de valeurs individuelles qui mènent indubitablement à certaines crises, crises qui sont difficiles à gérer car nos valeurs ne changent pas. Pauchant indique que l’on ne devrait pas accepter les limites de la société. Par exemple, dans le livre, on raconte l’histoire de cinq personnes qui ont besoin d’un rein et d’une seule machine disponible. Ces cinq personnes sont des gens totalement différents : mère de deux enfants, criminel, jeune fille, personne âgée, etc.. Pour choisir la personne qui aura le droit à la machine, les gens vont inévitablement se baser sur des valeurs morales alors qu’en fait, toute personne a autant le droit à sa vie qu’une autre.

L’importance de voir les choses d’une autre façon est aussi importante au niveau individuel qu’organisationnel. Cette ligne de conduite est présente dans toutes ses publications. Il veut, par ce fait, amener les gens à réfléchir au fait que le changement (individuel ou organisationnel) ne peut être induit que par une modification de la vision des êtres humains.

Contribution

          Thierry Pauchant croit que l’une des erreurs les plus fréquentes est que dans les organisations, on oublie d’inclure la spiritualité des gens qui la composent. Pour lui, l’existentialisme est indispensable au bon fonctionnement d’un groupe. Le fait de se questionner sur les bases organisationnelles fait partie de la déconstruction, étape importante dans les approches constructivistes. Les crises organisationnelles, selon les cadres, proviendraient de sources externes à l’organisation. Pauchant, en introduisant la notion de spiritualité, ajoute une dimension causale interne aux organismes. Le constructivisme ne peut se faire qu’en prenant compte des valeurs et des principes de chaque individu. C’est ainsi que les gens peuvent, en discutant ensemble, construire des connaissances et établir de nouvelles bases pour une société ou une organisation. Comme le dit Pauchant :

Une autre conséquence de cette prise de conscience existentielle est que l’être humain peut mieux réaliser qu’un système culturel particulier, ou qu’une religion particulière, ne représente qu’une façon possible de voir le monde et d’agir sur lui.[3]

Chaque action individuelle ou organisationnelle dépendent donc des valeurs qui animent les gens et les groupes.

Ses recherches sur le sens du travail témoignent aussi d’une réflexion profonde sur la façon dont la société actuelle se questionne sur l’essence même du travail et la place qu’occupe les employés dans leurs organisations. Le fait même de s’interroger sur ce sujet implique que les idées faites (les constructions) des organisations auraient peut-être été faites sur de mauvaises bases. En introduisant l’existentialisme à ce niveau, Pauchant permet aux gens de commencer à construire leurs propres visions de ce que devrait être le sens du travail. Ces visions, basées sur les expériences personnelles, ont un impact majeur sur les organisations si elles sont appliquées à grande échelle et permettrent de construire une nouvelle façon d’être des organisations.

Au niveau de la gestion, Pauchant admet que « de nombreux gestionnaires et employés se sentent également « à l’étroit » dans leur travail et remettent en question les logiques restrictives auxquelles ils doivent se soumettre »[4] .  Les règles établies pour gérer une organisation ont été basées sur des conceptions de productivité qui, avec l’évolution de la société, ne sont plus valables aujourd’hui. Les organisations aux idées désuètes se doivent donc de repartir à zéro afin de vraiment représenter la psychologie des gens de notre époque.

C’est donc en discutant avec les gens qui composent l’organisation que les cadres vont pouvoir établir des bases de gestion qui correspondent aux valeurs des gens. Une organisation construite ainsi sera plus équilibrée et les gens ne remettront plus en question leur travail, ce qui est d’autant plus utile que les crises organisationnelles sont plus faciles à gérer si les employés ne doutent pas de leur travail ou de leur organisation.

Donc, en parallèle avec le constructivisme, nous partons avec une idée préconçue (une organisation devrait être conçue selon un certain modèle) qu’il faut abattre. Il faut donc voir les choses d’une façon différente (Pauchant, quant à lui, prend la voie de l’existentialisme pour y parvenir). La cohésion des idées de différents individus permet d’établir une nouvelle façon de gérer l’organisation (construction) qui, selon le principe de constructivisme, sera perpétuellement remise en question afin de permettre une mise à jour de l’organisation selon les valeurs des gens qui la composent ou des visions changeantes de la société.

Références bibliographiques

1. Ecole des Hautes Etudes commerciales, Page personnelle de Thierry Pauchant, [http://neumann.hec.ca/pages/thierry.pauchant/html/fr/accueil.htm] (site consulté le 6 février 2009)

2. PAUCHANT, T.C. et Al. La quête du sens. Gérer nos organisations pour la santé des personnes, de nos sociétés et de la nature. Paris, Éditions Québec-Amérique, Collection Presses HEC et Éditions de l'Organisation, 1997, 360 p.

3. PAUCHANT, T.C. et I.I MITROFF. Transforming the Crisis-Prone Organization: Preventing Individual, Organizational and Environmental Tragedies. San Francisco, Californie, Jossey-Bass Publishers, 1992, 255 p.

4. PAUCHANT, T.C. et Al. Pour un management éthique et spirituel. Défis, cas, outils, questions, Éditions Fides, Collection Presses HEC, 2000,  420 p.

5. PAUCHANT, T.C. et Al. Ethics and Spirituality at Work: Breakthrough and pitfalls of the search for meaning at Work. New York, Quorum Book, 2002, 266 p.

6. PAUCHANT, T.C. et Al. Guérir la santé. Un dialogue de groupe sur le sens du travail, les valeurs et l'éthique dans le réseau de la santé. Montréal, Éditions Fides, Presses HEC, 2002,

396 p.

7. PAUCHANT, T.C. et Al. Évaluation de l'intervention de l'organisation de Sécurité Civile du Québec lors des inondations du Saguenay en juillet 1996. Publication du Gouvernement du Québec, Montréal, 1997, 95 p.

8. PAUCHANT, T.C. et I.I. MITROFF. We're So Big and Powerful Nothing Bad Can Happen to Us. New York, Carol Publishing, 1990, 210 p.

9. PAUCHANT, T.C. (1990). « La psychologie du self, l'expérience et la vie en entreprise. Une perspective kohutienne.» L'individu dans l'organisation : les dimensions oubliées. Québec, Presses de l'Université Laval et Édition Eska, Paris, 311-336.

10. PAUCHANT, T.C. et I. FORTIER, I. «Anthropocentric ethics in organizations. Strategic management and the environment: A typology». Advances in Strategic Management, Greenwich, Vol. 6, 1990, 99-114.

11. PAUCHANT, T.C. et I. FORTIER. «Anthropocentric ethics in strategic management». The Corporation, Ethics and the Environment. New York, Quorum Books, 1990, 189-202.

12. PAUCHANT, T.C. et Al. « Crisis management and strategic management: Similarities, differences and challenges». Advances in Strategic Management. Greenwich, vol. 8, 1992,

235-260.

13. PAUCHANT, T.C. « Les jeux des affairés ». La psychologie du travail à l'aube du XXI siècle. France, Éditions EAP, 1993, 730-735.

14. PAUCHANT, T.C. « In search of existence. On the use of the existential tradition in management and in organization development». Advances in Organizational Development, Norwood, vol.2, 1993, 103-123.

15. PAUCHANT, T.C. et E.M. MORIN. « Preventing crises and learning from them: The existential courage to manage complexity». Crises in a Complex Society. United Kingdom, 1994, 59-74.

16. PAUCHANT, T.C. « La gestion des crises environnementales. Le point de vue du gestionnaire ». Environnement, économie et entreprise. Montréal, Québec, Télé-université, 1995, 489-513.

17. PAUCHANT, T.C. « L'imposture existentielle de la quête de l'excellence et de la qualité totale ». Psychologie du travail et transformation de la société, Neuchâtel, Suisse, 1998, 323-328.

18. PAUCHANT, T.C. et P. CAZALIS. « Leçons stratégiques pour la gestion de la sécurité civile au Québec ». Une région dans la turbulence, Sainte-Foy, Québec, Presses de l'Université du Québec, 1998, 153-170.

19. PAUCHANT, T.C. « La quête du sens en situation de crise institutionnelle ». Comment se réaliser dans le Cégep d'aujourd'hui ? Montréal, Québec, AQPC, 1998, 1-11.

20. PAUCHANT, T.C. et M. CAYER. « L'entreprise apprenante et l'apprentissage systémique ». Mobilisation et efficacité au travail. Collection "Gestion des paradoxes dans les organisations", Québec, Tome 6, Québec: Presses inter universitaires, 1998, 187-192.

21. PAUCHANT, T.C. «Ethical and spiritual management addresses the need for meaning in the worplace». Ethics and Spirituality at work. New York, décembre 2002, 1-27.