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Chanlat, Jean-François

Page history last edited by Olivier G. 15 years, 1 month ago

 

Biographie générale


 

Jean-François Chanlat, frère d’Alain Chanlat, est né en 1950[1]. À l’âge de 22 ans, il complète un Baccalauréat en administration des affaires à l’École des Hautes Études Commerciales de Montréal. En 1978, il complète sa maîtrise en sociologie à l’Université de Montréal. Dans le cadre de ses études doctorales, entreprises à la même université, il voyage entre les États-Unis, la France et l’Angleterre. En plus de participer dans la publication d’une multitude d’ouvrages, en tant que rédacteur et directeur, Chanlat enseigne d’abord au H.E.C et ensuite à l’école Paris-Dauphine, en France. Ses sources d’inspirations sont multiples, mais on peut y nommer Raymond Aron, Maurice Dufour, Alain Chanlat, Richard Déry et Eugène Enriquez.

En 1982, il publie son premier article dans la revue montréalaise Sociologie et Sociétés. Il y décrit la vie de Raymond Aron, un sociologue libéral français inspirant par sa réflexion critique, philosophique et sociologique de l’histoire. Un an plus tard, Jean-François, en compagnie de Francine Séguin, rédige en un ouvrage sur les théories de l’organisation. À ce moment, il maîtrise bien les fondements théoriques et les différents paradigmes – fonctionnaliste, critique et complexité – qui composent le concept de l’organisation. Son frère, Alain Chanlat, s’intéresse lui aussi au champ du management et complète son doctorat en administration au George Washington University.

L’étude de l’organisation n’est pas le seul champ que Jean-François développe. Il met à profit ses compétences de chercheur en sciences sociales et rédige un article dans la revue parisienne le mouvement social sur le phénomène de la santé et de la sécurité au travail. Les informations qu’il en dégage sont ensuite reprises dans sa thèse de doctorat qu’il complète en 1985. C’est Marc Renaud, professeur au département de sociologie, qui le supporte durant cette grande aventure. Sa thèse est aussi chapeautée par Jacques de Champlain, docteur et professeur de physiologie à la faculté de médecine de l’Université de Montréal. Il obtient aussi un appui financier de la part des services de recherche de l’École des Hautes Études Commerciales où il a complété son Baccalauréat. Dans ses remerciements, Jean-François souligne l’appui et l’assistance autant intellectuelle qu’amicale de Delmas Lévesque, Francine Harel-Giasson, Allain Joly et Richard Déry. Il nomme aussi les gens qu’il a côtoyés autour d’une bonne bouteille de vin pour relâcher les tensions doctorales : Jaime Llambias-Wolff, Francine Laurendeau, Jacques Vignault et Denise Couture.

Chanlat maintient son intérêt pour le domaine de la santé au travail et publie un triple numéro sur le mythe du stress des employés-cadres au travail. En 1986, il publie ces articles dans la revue montréalaise Gestion sous l’édition de l’École des Hautes Études Commerciales. Son troisième article est un des premiers comptes-rendus de l’état de santé des cadres féminins dans les pays industrialisés. Un an plus tard, il complète un deuxième tome avec Francine Séguin sur les composantes de l’organisation. Cet ouvrage, dont il chapeaute la direction, est la continuité de leur première publication en 1983. C’est aussi un regroupement de plusieurs auteurs – particulièrement anglophone – dont leur texte est traduit en français. L’ouvrage demeure soumis, comme le dernier, à un regard tenant compte de plusieurs paradigmes de l’analyse de l’organisation.

En 1989, Chanlat rédige un article dans la revue parisienne Sociologie du Travail. Il expose différents ouvrages de l’analyse sociologique des organisations anglo-saxons qui n’ont pas intégré la littérature latine[2] à ce moment. De ce fait, il contribue à répandre les notions théoriques parfois méconnues. Cet article est inspiré de trois séminaires subventionnés par le centre de recherche de l’École des Hautes Études Commerciales qui eut lieu à Montréal peu avant. À ce même moment, il enseigne au H.E.C des cours de management.

L’année 1990 est celle où Chanlat publie un ouvrage collectif, L'Individu dans l'organisation les dimensions oubliées, qui dé-cristallise le champ du “comportement organisationnel”. À l’aide de la contribution de plusieurs auteurs – dont Nicole Aubert et Thiery Pauchant –, il dirige un ouvrage qui impose une vision pluriparadigmatique[3] de l’individu au sein de l’organisation. Il désigne Maurice Dufour et Alain Chanlat comme principaux inspirateurs de cet ouvrage. Il souligne aussi encore le fort soutien de Richard Déry, Allain Joly, Francine Harel-Giasson, Laurent Lapierre, Jean-Guy Desforges et Delmas Lévesque. En 1991, cet ouvrage remporte le prix François-Albert Angers pour le meilleur ouvrage pédagogique.

En 1992, Jean-François débute l’année avec un compte rendu du livre Le coût de l’excellence de Nicole Aubert et Vincent de Gaulejac, dont il trouve la critique de la société de conquête – qui est la nôtre – très intéressante. Il y trouve là une conception française du stress professionnel. Il poursuit cette même année avec un article dans la revue montréalaise, éditée par l’UQAM, Cahiers de recherche sociologique. Cet article tentera de rassembler la production francophone dans le domaine de l’analyse des organisations et d’y situer les différents courants s’y rattachant. Cet article, traduit en anglais, permet une meilleure diffusion des idées d’origine française. Durant la même période, il continue à promouvoir les idées de son ouvrage collectif précédent dans les langues anglaises et espagnoles.

À la mémoire de son mentor, Maurice Dufour, Jean-François publie en 1998, Sciences sociales et management, plaidoyer pour une anthropologie générale aux Presses de l’Université Laval dans la collection « Sciences de l’Administration » dont il est le directeur. Cet ouvrage est aussi édité en coopération avec la maison d’édition parisienne ESKA. C’est dans ce livre qu’il explicitera la nécessité et son désir d’appliquer un regard multidisciplinaire dans le domaine de la gestion et des sciences humaines. Il souligne à nouveau dans cet ouvrage l’inspiration qu’il reçut de Delmas Lévesques. Selon lui, Delma est « à l’origine de sa vocation sociologique et de son entrée à l’école des H.E.C »[4]. Dans l’ouvrage, il remercie et souligne la grande contribution d’Eugène Enriquez. Durant la même année, il rédige un compte-rendu du livre d’Eugène paru en 1997, Les jeux du pouvoir et du désir dans l’entreprise. Selon Chanlat, cet ouvrage est « rafraichissant » par le fait qu’il aborde une dimension des organisations souvent écartée du radar des analystes.

À partir des années 2000, Chanlat est invité à enseigner à l’Université Paris-Dauphine qui se spécialise en science de la gestion, à Paris. Dans cet établissement, il se joint au Centre de Recherche en Management et Organisation. Il continue à rédiger dans la revue montréalaise Management International dont il codirige un numéro quelques années plus tard. De plus, en 2005 il codirige un numéro de la revue parisienne Revue de Gestion des Ressources Humaines.

Aujourd’hui, Jean-François Chanlat poursuit son enseignement et ses recherches en France. Il a un intérêt soutenu pour le développement durable et son impact sur la gestion. Spécialiste en sciences humaines avant tout, il est fasciné par la question interculturelle de la gestion. Plus récemment, il a dirigé et publié un ouvrage collectif chez TÉLUQ et les Presses de l’Université Laval. Dans l’ouvrage Gestion en contexte interculturel, Approches, problématiques, pratiques et plongées, ses collaborateurs et lui-même tentent de rassembler une multitude de dimensions concernant la gestion dans un contexte interculturel.

 

 

Principales publications et parcours intellectuel


 

            Jean-François Chanlat se démarque par le fait qu’il a toujours voulu faire ressortir les éléments traditionnellement mis de côté des objets étudiés. Il serait possible de mettre cela en évidence – autant par le contenu et ses commentaires critiques – dans presque toutes ses publications. Ne visant pas l’exhaustivité, nous en avons sélectionné deux qui semblent vraiment représenter le cœur du parcours intellectuel et des revendications de Jean-François Chanlat. Le premier est son ouvrage collectif L’individu dans l’organisaition, Les dimensions oubliées, paru en 1990. Le deuxième est Sciences sociales et management, Plaidoyer pour une anthropologie générale, paru en 1998.

Dès le début, dans L’individu dans l’organisation, Les dimensions oubliées, Chanlat et ses collaborateurs reprochent au champ du « comportement organisationnel », qui tente de comprendre le comportement de l’individu dans l’organisation, de prioriser quasi uniquement la dimension qui permet de maximiser la productivité et la satisfaction au travail. Pour remédier à cette situation, Chanlat propose un ouvrage qui tente de situer l’individu dans plusieurs de ses « dimensions oubliées » qui lui sont propres. C’est à travers cette idée de promouvoir une « anthropologie » de l’individu au sens étymologique – en tenant compte de tous ses aspects – qu’il structure son ouvrage autour de plusieurs paradigmes dans lesquelles viennent s’inscrire les différents collaborateurs. Pour Chanlat, « chaque point de vu, à sa manière, restituera une partie de la réalité »[5]. Jean-François maintiendra cette posture épistémologique, qu’on pourrait qualifier de constructiviste, dans son prochain ouvrage.

Le titre Sciences sociales et management, plaidoyer pour une anthropologie générale décrit bien l’approche que Jean-François Chanlat tente de promouvoir, cette fois-ci dans un domaine plus large. Dans cet ouvrage monographique publié en 1998, l’auteur pose un regard critique sur l’état de l’économie et la place de l’entreprise dans le monde. Par la suite, il décrit l’influence que la pensée managériale exerce sur les individus pour ensuite exposer la manière dont la gestion traite actuellement les êtres humains. Dans la dernière partie de son ouvrage, Jean-François prend position et décrit davantage son concept d’« anthropologie générale ». Il « prône à une anthropologie adisciplinaire, une synthèse des connaissances fondamentales que nous avons sur l’humanité ». (p.78) Il poursuit en décrivant la nécessité d’une telle position : « Selon l’aspect qu’on étudie […], on mettra en valeur une série d’éléments particuliers. Mais seule la prise en compte des différents aspects permettra de rendre compte de la réalité étudiée ». (p.80) Sa position, tout à fait constructiviste, l’amène à promouvoir des formes de disposition disciplinaires comme « l’hybridation », le « nomadisme » et la « levée des frontières » (p.80). Selon Chanlat, « les hybrides sont donc des créateurs qui voient autrement et innovent dans les marges, jamais au centre, ce dernier étant toujours occupé par les gardiens de l’orthodoxie. » (p.81) Il rappelle l’importance de tenir compte des éléments souvent mis de côté : « Décourager les pensées déviantes, nomades et hybrides, c’est donc se condamner à la reproduction de l’identique et condamner les systèmes sociaux à la stagnation, voire à la disparition ». (p.81) En d’autres mots, selon Chanlat, il est fondamental de mettre en lumières les aspects qu’on à l’habitude de tenir à l’écart.

 

 

La contribution « constructiviste »


 

            Jean-François Chanlat a grandement contribué au développement du courant « anthropologique » de l’analyse des organisations. Ce courant, initialement mis sur pied par Maurice Dufour et ensuite repris par Alain et Jean-François Chanlat, « se veut fondamentalement pluridisciplinaire dans son intention et unitaire dans sa compréhension de l’être humain. »[6] Elle est en soi une position épistémologique et théorique hautement constructiviste dans sa façon de rendre compte de la complexité de la vie humaine et des organisations. Cette approche favorise aussi l’intégration de nouvelles disciplines dans l’univers organisationnel et contribue à la transformation des modes de gestions. Ce courant est né en réponse aux sciences du comportement dans l’organisation qui « sont trop utilitaires dans leurs intentions et largement marquées au sceau de l’ethnocentrisme occidental » [7]. Si le constructivisme est une approche qui remet en question l’ordre établi pour mettre en lumière les facettes cachées de la réalité, alors les ouvrages et le courant développé par Jean-François Chanlat sont hautement constructivistes.

            Habituellement, les articles sont parfois seulement accessibles à la langue dans lesquels ils sont écrits, réduisant ainsi la portée des idées. Ce fait peut nuire à la création d’un ensemble de connaissance partagé de plusieurs. Ainsi, Jean-François Chanlat a contribué à rassembler et à partager, dans les deux langues, les nouvelles études française et anglaise sur l’analyse des organisations. (CHANLAT, 1989, 1992) Ce partage des connaissances, parfois méconnues d’un océan à l’autre, s’inscrit dans une position constructiviste de partage de l’information et de volonté à mettre en commun le savoir. De plus, depuis 1998, ses articles sont maintenant traduits en espagnol, agrandissant davantage la portée des idées chez les peuples hispanophones.

            Il est difficile de définir avec précision l’influence qu’exercent les travaux de Chanlat. Cependant, le courant qu’il a développé en réponse aux tendances utilitaires du management et des organisations est rafraîchissant pour plusieurs. De plus, face aux problèmes actuels de notre société, ce n’est plus un luxe de s’attarder à la manière dont on voit l’humain au sein de ses organisations. D'ailleurs, selon Jean-François Chanlat, « aucun regard n’épuisera jamais le réel ».


Bibliographie


 

 

 

CHANLAT, J.-F., « Raymond Aron : l’itinéraire d’un sociologue libéral », Sociologie et sociétés, Montréal, vol. 14, n° 2 (octobre 1982), p. 119-133.

 

 

SÉGUIN, F. et J.-F. CHANLAT, (dir). Les theories de l'organisation, Saint-Jean-Sur-Richelieu, Éditions Préfontaine, 1983.

 

 

CHANLAT, J.-F., « Usure différentielle au travail, classes sociales et santé : un aperçu des études épidémiologiques contemporaines », Le mouvement social, Paris, n° 124 (juillet – septembre 1983), p. 153-169.

 

 

CHANLAT, J.-F., La production sociale de la maladie : une étude exploratoire, le cas de l'hypertension artérielle, Montréal, Université de Montréal, Faculté des études supérieures, thèse de doctorat, 1985.

 

 

CHANLAT, J.-F., « Le stress et la santé des cadres de direction masculins. I : mythes et réalités. Le mythe du prix du succès », Gestion, Montréal, vol. 10, n° 4 (novembre 1985), p. 5-14.

 

 

CHANLAT, J.-F., « Le stress et la santé des cadres de direction masculins. II : les réalités du stress professionnel », Gestion, Montréal, vol. 11, n° 3 (septembre 1986), p. 44-50.

 

 

CHANLAT, J.-F., « Le stress et la santé des cadres féminins : un premier bilan », Gestion, Montréal, vol. 11, n° 4 (novembre 1986), p. 53-61.

 

 

CHANLAT, J.-F. et F. SÉGUIN, (dir). Les composantes de l'organisation, Montréal, Gaëtan Morin éditeurs, 1987.

 

 

CHANLAT, J.-F., « L'analyse sociologique des organisations : un regard sur la production anglo-saxonne contemporaine (1970-1988) », Sociologie du travail, Paris, n° 3 (1989), p. 381-399.

 

 

CHANLAT, J.-F., (dir). L'Individu dans l'organisation. Les dimensions oubliées, Québec, Presses de l'Université Laval, Paris, Eska, 1990.

 

 

CHANLAT, J.-F., « Nicole Aubert et Vincent de Gaulejac. Le coût de l'excellence », Revue internationale de l'action communautaire, Montréal, n° 27 (printemps 1992), p. 173-174.

 

 

CHANLAT, J.-F., « L'analyse des organisations : un regard sur la production de langue française contemporaine (1950-1990) », Cahiers de recherche sociologique, Montréal, n° 18-19 (1992), p. 93-138.

 

 

CHANLAT, J.-F., Sciences sociales et management. Plaidoyer pour une anthropologie générale, Sainte-Foy, Presses de l'Université Laval, Paris, Eska, 1998.

 

 

CHANLAT, J.-F., « Les jeux du pouvoir et du désir dans l'entreprise », Management International, Montréal, vol. 3, n° 1 (automne 1998), p. 75-78.

 

 

CHANLAT, J.-F., « Émotions, organisation et management : une réflexion critique sur la notion d'intelligence émotionelle », Travailler, Revigny-sur-Ornain, n° 9 (2003), p. 113-132.

 

 

CHANLAT, J.-F., « Le tiers-monde qui réussit : nouveaux modèles », Management International, Montréal, vol. 8, n° 3 (printemps 2004), p. 85.

 

 

BLANCHOT, F., F. WACHEUX et  J.-F. CHANLAT, (dir) « Avant-propos : (ré) concilier l'économique et le social », Revue de Gestion des Ressources Humaines, Paris, n° 57 (juillet - septembre 2005), p. 2-3.

 

 

BOIRAL, O., S. URBAN et J.-F. CHANLAT, « Développement durable et gestion internationale : enjeux et perspectives d'avenir », Management International, Montréal, vol. 12, n° 2 (hiver 2008), p. 1-3.

 

 

BABEAU, O. et J.-F. CHANLAT, « La transgression, une dimension oubliée de l'organisation », Revue française de gestion, Paris, n° 183 (2008), p. 201-219.

 

 

DAVEL, E., J.-P. DUPUIS et J.-F. CHANLAT, (dir). Gestion en contexte interculturel. Approches, problématiques, pratiques et plongées, Québec, Presses de l'Université Laval, Montréal, Télé-Université (UQAM), 2008.



[1]Des informations plus précises concernant le lieu, la date, ainsi que  les activités qui composent la jeunesse de l’auteur n’ont pas été trouvé au moment de la rédaction de cette recherche.

[2] Anglo-saxon signifie principalement américain et latin signifie principalement français.

[3] Pour reprendre son propre mot dans Chanlat (1989)

[4] CHANLAT, 1998

[5] CHANLAT, 1990, p.13

[6] CHANLAT, 1992, p. 108.

[7]Idem.

 

 

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